FLAMMARION

               Les « pierres tombées du ciel » étaient jadis considérées comme des prodiges…C’est à la fin du 18e siècle que des scientifiques s’intéressent à ce phénomène…pour l’enterrer , bien entendu ,comme pour d’autres problèmes similaires par la suite :Lavoisier, le célèbre chimiste ,dans un rapport à l’Académie des Sciences en 1792 affirme que ce sont des pierres ordinaires frappées par la foudre ,malgré les témoignages de personnes dignes de foi…C’est ,il me semble, le comportement très « scientifique » de nombreux savants contemporains ,et l’on pourrait en faire un gros livre ….Mais ,des scientifiques plus intelligents ,dès le début du 19e siècle ,font un travail plus sérieux :Biot est le président d’une mission scientifique qui ,après la fameuse pluie de météorites qui tomba à Laigle ,en 1803,après une enquête très approfondie ,déclare que ce sont bien des pierres provenant de l’espace céleste.

         Le 19e siècle va connaître une série d’évènements incroyables dans ce domaine et, vers 1879,un des plus grands astronomes de l’époque ,Camille Flammarion ,dans son livre sur « Les comètes »en fait une étude d’une valeur inégalée jusqu’à ce jour. Le résumer en quelques phrases serait indigne de ma part…d’autant que certains esprits contemporains ont présenté Flammarion comme un fantaisiste…Je vais donc vous citer longuement ce travail ,plus que remarquable ,extrait de « Les comètes et les étoiles » ,livre qui fait partie de sa fameuse « Astronomie populaire » .

 

    CAMILLE     FLAMMARION    (1842-1925)

 

« Arrivons maintenant aux bolides et aux aérolithes

Un corps lumineux de dimensions sensibles traverse rapidement l’espace en répandant de tous côtés une vive lumière;c’est comme un globe de feu dont la grosseur apparente est souvent comparable à celle de la Lune. Ce corps laisse habituellement derrière lui une trainée lumineuse très sensible .Souvent ,pendant ou immédiatement après son apparition ,il se produit une explosion et même quelquefois plusieurs explosions successives ,que l’on entend à de grandes distances .Souvent l’explosion est accompagnée de la division du globe de feu en fragments lumineux, plus ou moins nombreux ,qui semblent projetés dans diverses directions .Ce phénomène constitue ce qu’on nomme un météore proprement dit ou un bolide .Il se produit aussi bien le jour que la nuit.....

....D’un autre côté ,on trouve  quelquefois sur la terre des corps solides, de nature pierreuse ou métallique ,qui ne paraissent avoir rien de commun avec les terrains sur lesquels ils reposent .De temps immémorial le vulgaire a attribué à ces pierres une origine extra terrestre;on les a considérées comme des pierres tombées du ciel;il y a plus de deux mille ans ,les Grecs vénéraient la fameuse pierre tombée du ciel dans le fleuve AEgos;au moyen-âge ,les chroniqueurs nous ont conservé de naÏfs dessins de ces chutes inexpliquées;plusieurs naturalistes les désignaient sous le nom de pierres de foudre ,pierre de tonnerre ,parce qu’on les regardait comme des matières lancées par la foudre .On avait ,il est vrai ,confondu sous le même nom les pyrites ferrugineuses que l’on trouve en si grand nombre dans les terrains de craie;mais cette vieille confusion n’empêchait pas l’existence réelle de fragments pierreux ou ferrugineux authentiquement tombés du ciel .Remarque assez curieuse ,les anciennes traditions ,les histoires de l’antiquité et du moyen-âge ,les croyances populaires avaient beau parler de pierres tombées du ciel ,de pierres de l’air, « aéro-lithes »,les savants n’en voulaient rien croire .Ou bien ils niaient le fait lui-même ,ou ils l’interprétaient tout autrement ,regardant les corps tombés sur la Terre comme lancés par des éruptions volcaniques ,enlevés au sol par des trombes ou encore produits par certaines condensations de matières au sein de l’atmosphère .En 1790 l’illustre Lavoisier ,et en 1800 l’Académie des sciences tout entière ,déclaraient ces faits absolument apocryphes .Cependant ,dès 1794,Chladni avait prouvé l’origine extraterrestre de ces mystérieux apports.

     Cette incrédulité presque générale des savants céda ,lorsque Biot fit à l’Académie des sciences son rapport sur la chute mémorable qui eut lieu à Laigle ,dans le département de l’Orne ,le 26 avril 1803.A la suite d ‘une enquête minutieuse faite sur les lieux ,on put ,en effet ,constater la parfaite exactitude des circonstances rapportées par la rumeur publique sur cette chute si remarquable .De nombreux témoins étaient là pour affirmer que ,quelques minutes après l’apparition d’un grand bolide ,se mouvant du sud-est au nord-ouest et qu’on avait aperçu d’Alençon ,de Caen et de Falaise ,une explosion effroyable ,suivie de détonations pareilles au bruit du canon et à un feu de mousqeterie ,était partie d’un nuage noir isolé dans le ciel très pur .Un grand nombre de pierres météoriques avaient ensuite été précipitées à la surface du sol ,où on les avait ramassées encore fumantes, sur une étendue de terrain qui ne mesurait pas moins de trois lieues de longueur

La plus grosse de ces pierres pesait moins de dix kilogrammes.

Depuis ,de nombreuses chutes ont été non moins authentiquement constatées .Il ne se passe pas une seule année sans qu’on en reçoive plusieurs et sans qu’on ramasse un ou plusieurs morceaux ,quelquefois brisés sur les rochers ,ou enfoncés sous le sol à plusieurs pieds de profondeur .Le 23 juillet 1872,par une belle journée d’été ,il en est tombé un auprès de Blois ,à Lancé ,après une explosion telle qu’elle a été entendue de 80km à la ronde .Il pesait 47 kg ,était tombé à 15 mètres d’un berger ,naturellement stupéfait ,s’était enfoncé de 1m60 dans un champ. Le 30 avril suivant ,il en est tombé un près de Rome ,avec un tel bruit ,que les paysans crurent « que la voûte du ciel s’écroulait »...Ce bolide est arrivé à 5h15 du matin ,d’une hauteur verticale de 184 km au-dessus de Rome et, ce qu’il y a de plus curieux ,c’est que ,une heure et demie auparavant ,on avait vu sur la mer ,dans la direction d’où le bolide était arrivé ,une masse lumineuse ,intense et immobile .Le 14 mai 1864,le bolide tombé à Orgueuil (Tarn-et-Garonne),,a été vu à une hauteur de 65 km et aperçu de Gisors(Eure)à 500 km de distance .Le 31 janvier 1879,il en est tombé un à Dun-le-Poélier (Indre) auprès d’un cultivateur qui se crut mort .Nous pourrions facilement multiplier les exemples .Et ces masses ne sont pas insignifiantes ,comme on peut en juger par les échantillons suivants

Météorites tombées à Laigle (France) en 1803:

1-Aérolithe ferrugineux tombé en 1860 au milieu d’une plaine de sable du Chili ,et pesant 104 kg, envoyé à Paris à l’exposition de 1867....

2-Aérolithe pierreux tombé à Murcie en Espagne ,le 24 décembre 1858,envoyé également à l’exposition de 1867,pesant 114 kg....

3-Aérolithe tombé le7 novembre 1492 à Ensisheim(Haut-Rhin),devant l’Empereur Maximilien ,à la tête de son armée, pesant 158 kg. Il est aujourd’hui au Musée minéralogique de Vienne.

4-Plusieurs milliers de pierres sont tombées le 9 juin 1866 à Kriahynia (Hongrie),au milieu d’un épouvantable bruit de tonnerre ,le plus gros fragment ,qui figure à Vienne près du précédent ,pèse 293 kg....

5-Bloc de pierre météorique qui servait depuis un temps immémorial de banc à la porte de l’église de Caille(Alpes-Maritimes ).Son poids est de 625 kg. Il a été transporté à Paris.

6-Le Musée minéralogique de Londres possède une masse de fer trouvée en 1788 à Tucaman (Argentine),qui pèse 635 kg....

7-Masse de fer météorique trouvée par Pallas en Sibérie en 1749(c’est l’un des premiers aérolithes reconnus).Il pesait 700 kg....

8-Aérolithe de 750 kg tombé en 1810 à Santa-Rosa (Nouvelle Grenade).Son volume est à peu près le dixième d’un mètre cube.

9Aérolithe de 780 kg qui servait d’idole dans l’église de Charcas (Mexique),enlevé par les soins du commandant en chef de l’expédition du Mexique ,et actuellement à Paris. Hauteur:1 mètre.

10-Aérolithe de 1 mètre de diamètre ,tombé le 25 décembre 1879 à Mourzouk, près d’un groupe d’Arabes effrayés.

11-Le plus lourd aérolithe authentique que l’on possède dans les collections est celui qui fait l’ornement du Musée britannique. Découvert en 1861 près de Melbourne(Australie).Deux fragments pesant ensemble trois mille kilogrammes ,dont l’un est à Melbourne et l’autre à Londres.

        A ces aérolithes....nous pouvons adjoindre trois autres fragments planétaires qui sont plus considérables encore:l’un pesant 6350 kg ,se trouve à Bahia au Brésil ,où il a été découvert en 1816,puis analysé par Wollaston;l’autre ,pesant plus de dix mille kg ,est tombé en Chine...Les Mongols ,qui l’appellent le Rocher du Nord, racontent que cette masse tomba à la suite d’un grand feu du ciel. Le troisième gît dans la plaine de Tucaman.. ..    .Il a dû, au surplus, tomber de temps immémorial des quantités de fer céleste ,car les premiers instruments de fer fabriqués par les hommes ont été faits en fer météorique, et l’ancien mot par lequel on désignait ce métal, le mot sidéros ,signifie astre aussi bien que fer

  Météorite ferrugineuse…..

D’où viennent les aérolithes?

Leur identité avec les bolides n’est plus douteuse ,puisque toute chute d’aérolithe vient d’un bolide.... »

           C’est ici que s’achève cette longue citation des travaux de Flammarion. Cette fin de citation est d’autant plus remarquable qu’elle permet de dénoncer les calomnies contemporaines que j’ai relevées à son encontre. Je ne citerai qu’un extrait de la revue « Ciel et Espace » pour vous le prouver .Dans le numéro 354 de novembre 1999,elle présente le livre de Jean Paul Poirier .Je cite: »D’ où viennent ces roches célestes?Quelques grosses pointures du moment, Laplace Poisson Biot et même l’Allemand Olbers ,penchèrent pour l’hypothèse d’une éruption volcanique lunaire .Selon les écrits de Camille Flammarion ,la Lune devait comporter trois volcans ,dont deux éteints... » Pas un seul mot sur la conclusion de Flammarion quant à l’origine des météorites et des bolides...conclusion trop lucide et trop proche de la vérité pour ces petits messieurs...Et ,c’est à pouffer de rire quand on lit la fin de l’article: « le récit ,richement documenté ,débouche ainsi sur une réflexion critique de la pensée scientifique. » Pauvre France....

     - Références :

1 . http://gallica.bnf.fr/

Le site de la Bibliothèque Nationale de France qui permet le téléchargement d'ouvrages anciens. Dans la page d’accueil, vous cliquez sur «Recherche »…puis, dans «auteur» vous inscrivez «Flammarion Camille» et dans «sujet»vous mettez «astronomie» .Cliquez sur «rechercher »en dessous .Dans la liste affichée vous prenez le n° 8 et cliquez sur le titre…                     

Vous pouvez lire l’admirable livre de Flammarion  Camille : « Astronomie Populaire.  Description générale du ciel » Prenez la page 686 et vous aurez les plus belles pages de ce livre : « Arrivons maintenant aux bolides et aux aérolithes…. ».

 2- Mon article : il y a toujours des bolides et des météorites.

                  3-  un livre extraordinairement plus sérieux, écrit par un astronome français ,et qui , de plus ,est  publié GRATUITEMENT sur le web….

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